B/ Des effets durables ?
Selon l’article suiva nt, des études sont actuellement faites sur la question des effets éventuellement durables du dopage. L’article est issu du site SOS-addiction.org et parle d’une étude de chercheurs norvégiens sur des rongeurs, qui laisserait entendre que les muscles conserveraient très longtemps le bénéfice d’un dopage aux stéroïdes. Peut-être de quoi expliquer les performances actuelles du sprinteur américain Justin Gatlin, contrôlé positif à la testostérone en 2006 :
En octobre 2013, le professeur Kristian Gundersen et son équipe de l'institut des sciences (université d'Oslo) ont publié une étude sur les mécanismes musculaires qui s'invite dans bien des débats sur le dopage. Et il est difficile de ne pas associer ces recherches aux cas de Justin Gatlin.
Justin GATLIN
Le sprinteur américain, jugé, réunit un grand nombre de critères de l'étude réalisée sur des souris : Gatlin a un passé reconnu de dopage à la testostérone (stéroïde anabolisant). Il a purgé une suspension de quatre ans (2006-2010), et vient de battre, à trente-trois ans, son record personnel sur 100 m (9 »74 le 15 mai dernier à Doha).« Si Gatlin peut courir plus vite qu’en 2006 et qu’il n’est pas dopé aujourd’hui, alors c’est vraiment dur de penser que son dopage de 2006 ne continue pas de produire des effets aujourd’hui », résume le chercheur, Jo Bruusgaard, en se basant sur ses expériences sur les souris.
Voici les détails de l’expérience décrits par le chercheur norvégien.
1. Souris saines contre souris gonflées aux stéroïdes
Les fibres musculaires contiennent de multiples noyaux cellulaires. En période de musculation, par l’entraînement ou par le recours à des stéroïdes, le nombre de ces noyaux augmente, Elle diminue ensuite progressivement quand l’entraînement ou la cure cesse, jusqu’à retrouver un niveau normal. Les chercheurs norvégiens ont voulu étudier le processus d’élimination des noyaux apparus pendant la période de musculation. Ils ont injecté à un groupe de souris des stéroïdes pendant deux semaines (période dite de musculation).
Les Norvégiens ont ensuite arrêté le traitement et tout entraînement pendant trois mois, un délai très long pour une souris, dont la durée de vie est de deux ans. Ils ont ensuite soumis à un réentraînement, sans stéroïdes, le groupe de souris qui en avait reçus, ainsi qu’un autre groupe de souris saines.
2. La masse musculaire des rongeurs dopés avait augmenté de 36%
" Pendant les six premiers jours de réentraînement, les rongeurs qui avaient bénéficié de la cure de stéroïdes trois mois auparavant ont augmenté leur masse musculaire de 36 %, contre 6% pour les rongeurs sains. Cette différence remarquable s’explique par le fait que les noyaux cellulaires créés lors de la première période de musculation n’ont en fait pas disparu » explique Kristrian Gundersen
L'étude à cependant des limites : Pendant les deux semaines suivantes de réentraînement, les deux groupes de souris augmentent leur masse musculaire dans la même proportion et l’équipe de chercheurs ignore si, les masses musculaires du groupe de souris non dopées finit par rattraper à plus long terme celles qui ont bénéficié de stéroïdes.
3. Les noyaux cellulaires, acquis grâce au dopage, ne disparaissent jamais.
Les chercheurs norvégiens ont ainsi montré que des souris dopées aux stéroïdes sur une période relativement courte bénéficient encore de cette prise hormonale même après une longue pause, parce que les noyaux cellulaires ainsi créés ne disparaissent pas et qu’ils peuvent donc servir de nouveau lors d’une reprise de l’entraînement.
4. Les recherches sur les souris sont-elles transposables chez l’Homme ?
Le docteur français Olivier Rabin, directeur du département scientifique de l’Agence mondiale antidopage (AMA), se montre très prudent sur l’étude norvégienne : « Aujourd’hui nous ne savons toujours pas si cette étude est transposable à l’Homme. De plus pour modifier les temps de suspension il faudrait des preuves scientifiques solides et pas seulement des hypothèses. Plus solide : c’est pourquoi l’AMA réalise elle aussi des recherches de son côté. »
L’hypothèse de la mémoire musculaire, n’a pour l’instant pas dépassé le stade du laboratoire. Mais l’AMA et de nombreux scientifiques se penchent sur cette question qui fait grand débat dans le milieu du sport.